[Décor] EDEN – Terrain ferroviaire

Aujourd’hui, je vous propose un retour sur un projet commencé il y a quelques années, et que ce second confinement a été l’occasion de finir : un terrain présentant une gare abandonnée pour le jeu d’escarmouche Eden.

Il est très important pour moi d’avoir des champs de bataille jolis, et dans lesquels on se projette facilement. Plus qu’un jeu compétitif, je préfère un jeu de qualité, où tout est joli (même si j’ai pendant très longtemps joué sur le sol, sur un vieux tapis, avec des bandes dessinées pour délimiter le terrain de jeu ! Les décors et terrains fantastiques qu’on peut voir des les magazines spécialisés, sur le web ou dans les livres de règle des divers jeu m’ont toujours donné envie de jouer sur de beaux espaces.

Eden se joue sur un terrain de 60×60 cm, ce qui est intéressant puisque cela représente un volume de travail moins important qu’un bon vieux 120×180 ! En contrepartie, j’ai pu me permettre d’aller un peu plus loin dans la réalisation. Petit retour étape par étape !

Conception du projet

Tout bon projet commence par des croquis. Je n’étais pas fixé sur ce que je voulais représenter au départ. Eden est un jeu post-apo, ce qui laisse un bon nombre de possibilités ! Tout y est passé : Site nucléaire, avec un grosse tour de refroidissement, parking de centre commercial, immeuble abandonné et en ruine (avec des graffitis !), un jardin public avec des jeux pour enfant… ou un centre ferroviaire. Le centre commercial me tentais bien, mais j’avais pas envie de préparer des poteaux lumineux nombreux, des panneaux pubs, abris caddies… Le site nucléaire, j’aurai adoré, mais j’ai su raison garder : le refroidisseur, même partiel, aurait pris beaucoup trop de place et sur le terrain de jeu, et en terme de stockage.

J’ai donc opté pour le centre ferroviaire ! Au départ, j’avais ça en tête :

image tirée du jeu Final Fantasy VII ©Square Enix

Avec des wagons dans tous les sens. Puis ça :

Accident ferroviaire au Canada – 2013 ©REUTERS/Mathieu Belanger

Ça aurait été parfait !

Mais 60×60 c’est petit, et les deux éléments critiques quand on prépare un terrain de jeu, c’est :

  • de faire attention à l’échelle
  • de le garder jouable (si, si, je vous jure, c’est plus pratique !)

Du coup exit les wagons dans tous les sens. J’aurai pu en mettre quelques-un, mais la jouabilité n’aurait plus été aussi intéressante : peu de place pour la modularité, terrain toujours identique, monotonie, bref.

Je me suis donc concentré à reproduire un truc presque crédible, avec, pour le plaisir, une zone peu logique de rails courbes pour coller à ma première image de référence. Que j’ai bien vite choisi de dissimuler par un cratère, parce que les trajectoires de rail n’auraient vraiment eu aucun sens.

Cibler les étapes et difficultés

Deuxième étape : réfléchir à la concrétisation du projet, et aux solution pour parer aux difficultés imaginées. L’élément central de mon projet, c’est bien évidement les voies ferrées :

  • Comment faire les rails ?
  • Comment réaliser les traverses ?
  • Comment rendre compte du ballast ferroviaire ?
  • Comment bien rendre le béton ?
  • Veiller à garder tout ça jouable
LEs Rails

Est-ce que l’achat de rails est possible ? Des profilés PVC de modélisme crédibles pourraient-ils faire l’affaire ? Aucune des deux solutions ne convenaient, le 28mm est une échelle bâtarde dans le modélisme ferroviaire, qui de plus est souvent fonctionnel (ce qui ne m’intéresse pas) et onéreux (j’ai quand même entre 7 et 8m linéaire de rails !

Aucun profilé ne convenait… Ok. Ben on les imprime. Ce fut l’occasion d’acheter une imprimante 3D d’entrée de gamme, de type Prusa, reprap. Bidouiller pour apprendre, c’est bien (même si ça ne fait pas gagner du temps !)

J’ai fait mon fichier 3D, ajusté un peu la forme du rail pour qu’elle s’imprime facilement… et galéré longtemps avec mon imprimante pour réussir à les sortir, 20cm par 20cm.

Les Traverses

J’ai décidé de les mouler en plâtre. Après avoir fait un « dessin technique » j’ai taillé dans du PVC expansé mon master. Je l’ai moulé avec la technique « silicone-maïzena », et j’ai réalisé mes premiers tirages. Qui cassaient au démoulage, au niveau du centre, plus fin donc plus fragile. Qu’importe, je les arme avec des petites tiges de fer. Certains on cassé quand même, ou on été mal moulés : peu importe. Ça contribuera avec l’ambiance abandonnée et délabrée de la gare !

Production industrielle de traverses en cours ! (et photo floue)
Et avec les premières tentatives de pose, avec sur les tracés.
Le Ballast

(= les cailloux sous les rails !) Avec des graviers, cela semble évident, mais il faut que la granulométrie soit adaptée, et avec un volume suffisant pour rendre compte de l’effet « tas de cailloux », sans autre support que d’autres cailloux. Il était hors de question de coller directement une seule couche de graviers sur un support à la bonne forme : cela se serait vu et n’aurait pas convenu. J’ai donc choisi de faire es amalgames de graviers avec de la colle à bois. Et pour anticiper les éventuels (et à mon avis inévitables) décrochements de matière à l’usage, mon choix s’est porté sur des gravillons pour aquarium noirs : ainsi, même ceux des couches inférieures n’ayant pas été atteints par la sous-couche ne dénoteraient pas !

Pose des traverses et ballast :pour être sûr d’avoir le volume voulu, la première couche de ballast est sous les traverses (posées sur des pics à brochette), la deuxième couche viens à quasi niveau des ballast le long des voies, et la troisième couche, ultérieure, a été posée après les rails pour les intégrer, les maintenir (un peu) et rendre le tout cohérent et crédible.
Les premières poses, avec le tracé visible sur la base en MDF
Le Béton

Encore une fois, ce fut en cherchant à imiter que j’ai trouvé. J’ai fait un pseudo ciment, avec du plâtre, du sable, de la peinture grise (bien foncée : ça s’éclaircit en prenant). Et pour compléter, des morceaux de grille anti projection de graisse, pour simuler l’armature en fers à béton. Ça c’est pas à l’échelle, mais c’est tellement un point de détail que ce n’est pas très grave.

J’ai préparé un coffrage en Déperon (j’avais des chutes sous la main) : c’est souple, et facile à arracher si besoin. J’ai fait le fond, et mis deux bandes sur les côtés. Comme c’est fin (3mm) ça m’a permis de m’en servir comme repère pour la hauteur de « béton » à couler.

Le coffrage en déperon. J’y avais également collé du fil de pêche (les trois lignes visibles) pour avoir un marquage des lignes en creux sur ma surface finie.

Mon plâtre était vieux et foutu : en décoffrant, ça s’est fissuré de partout. C’était pas spécialement voulu, mais c’est tombé à pic. J’ai soigneusement collé les morceaux de ce gros puzzle sur le volume en polystyrène extrudé qui sert de base à mon quai : l’illusion d’un quai abandonné, fracturé et délabré est parfaite ! (et l’illusion du oui-oui c’était voulu aussi !) Idem pour les côtés. Et zou, c’est parti.

Recoller le puzzle sur le polystyrène !

J’avais coloré le plâtre en me disant pareil : s’il y a des éclats à l’usure, ça se verra moins que si je le laisse blanc. Mais au final, le résultat était tellement bon que j’ai décidé de ne même pas le peindre du tout. J’ai passé une couche de colle à bois très diluée dessus, en plusieurs couches, pour le protéger sans perdre toute la granulométrie du résultat en mettant de la colle non diluée, qui aurait complètement gommé ça.

Démoulage : tout cassé !
La granulométrie très sympa de ce vrai-faux béton fracturé !

Le reste…

Une fois toutes ces étapes franchies, il ne restait « plus » qu’un travail assez classique à produire : ajouter des zones de terre et de sable, des petits éléments métalliques pour accentuer l’effet abandonné, courber les rails (au sèche-cheveux) au niveau du cratère, ajouter des petit éléments essentiels : éclairage des quais (lampadaires « bric-à-brac » constitués d’une cheville, un pic en bambou, un bout de capuchon de stylo bic, un clou à tête bombé et une sphère modelée), des butées de fin de voie au niveau de la zone de chargement, et pour finir un panneau « Gsaadt » en l’honneur d’un copain et d’une de ses blagues récurrentes :

Les décors

Tout bon terrain de jeu a besoin de quelques décors amovibles pour ne pas avoir systématiquement la même zone d’affrontement. J’avais de grands projets, j’ai vu petit pour les première réalisations : des barricades de fortune, des empilements de traverses intactes et ruinées, quelques plaques de tôle ondulée maison pour servir de rampe et accéder aux quais plus facilement. Un tas de tuyaux/bombonnes de produit radioactifs (composé de GROSSES chevilles, et d’ampoule de complément alimentaire récupéré il y a fort longtemps, et un tas de ballast inutilisé.

Pour la suite, ce sera donc un wagon, parce que bon, j’ai pas pu en mettre plein sur le terrain, mais il m’en faudra quand même au moins un ! J’ai commencé à le bidouiller en scratch, mais il fera l’objet d’un autre article 😉 Il est d’ores et déjà aimanté au niveau des bogies (pour avoir plus de souplesse lors du placement) et le sera pour la cuve, afin de pouvoir alterner entre citerne intacte, et citerne explosée… voir même, pourquoi pas, écrire un scénario où la citerne explose à un moment !

Les photos-finish

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Vue de dessus
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La zone de gravats
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Le cratère, et sa conduite éclatée qui donne une zone humide
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Vue sur les lampadaires bric-à-brac

Et deux photos avec une figurine pour l’échelle, il s’agit de Lilith de la faction des Anges de Dante, sculptée par le talentueux Graphigaut (un régal à peindre !)

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Et pour finir un petit souvenir de la période où ce décor a été fini (avec en prime le panneau spéciale dédicace) :

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