Cordages

Une corde claque au vent, envoyant voler des goutelettes salées perdues au milieu des trombes d’eau s’abattant sur les ponts supérieurs. Ulfrik s’accrocha du plus fort qu’il le put à la rambarde : le creux de la vague était énorme, le choc serait violent. Dans un fracas monstrueux — et pourtant à peine audible à cause du mugissement du vent — la frégate s’écrasa sur les flots. Le bois de sa carcasse craqua et grinça, mais ne se rompit pas. « Amiral Toquet ! » beugla le sorcier. « Sortez-nous de cette mélasse, où nous allons tous y passer ! » Sigismund Toquet, ex-amiral de la flotte du Roy Louen, et qui avait abandonné la marine pour se consacrer à la chevalerie, grogna. Il n’aimait plus ce rôle, mais il n’avait pas le choix. Tous deux le savaient. Comme tous deux savaient que donner des ordres supplémentaires ne changerait plus la situation désormais. Il ne leur restait qu’à prier les dieux pour leur salut. Mais beugler haut et fort, sans montrer son doute et sa terreur, sauverait le moral des hommes, qui continueraient de faire leur boulot. Et cela, ça pouvait encore être utile. Sigismund se retourna, et tenant fermement la rampe d’une main couverte de furoncles rongés par le sel, il s’époumona à donner des ordres à ses hommes. Il en avait vu d’autres. L’aube se lèverait bientôt… il fallait tenir.

Suivez la construction d’une frégate Bretonnienne volée et corrompue par des chevaliers pestiférés dévoyé !