[Récit] Acte IV : Épilogue

Le démon du Lac aux Papillons bouillait d’impatience. De longues années d’errance immobile piégé qu’il était dans les reliques du lac l’avaient rendu irascible au possible. Les malheureux à qui il devait son salut lui avaient soit juré allégeance, soit étaient tombés sous sa coupe bien malgré eux.
Il lui avait fallut de nombreux mois pour émerger de sa gangue éthérée, pour reprendre ses forces et acquérir la matérialité nécessaire en ce monde pour agir à nouveau de son plein gré.

Le sorcier à qui il devait les premières étincelles de son éveil s’était dressé contre lui, il avait sans doute perçu le danger qu’il représentait pour sa communauté. Un lâche parjure. Ce mage de pacotille avait joué avec des forces dépassant son entendement. Ils avaient un temps servi le même maître, mais cet humain s’en était détourné.
Le démon avait entrepris de récupérer les suivants d’Ulfrik, mais celui-ci avait réussi à tisser des liens aussi solides qu’improbables dans sa communauté de réprouvés. Beaucoup avaient résisté à son emprise, ce qui l’avait fait enrager encore plus que de normal. Il avait cependant réussi à exercer son influence sur une bonne partie d’entre eux, et avec leur soutient, par une journée morne, avait mis à sac la communauté pestiférée de Violecée-la-Plaine.

Ulfrik n’était pas dupe, et il savait que le combat était perdu d’avance. Plutôt que de chercher à lutter, il avait préparé sa retraite, et entrepris de protéger de sa magie ses suivants les plus fidèles, ceux animés des meilleurs sentiments envers leur communauté, et dont il savait que leur présence serait utile à leur survie.
Son plan était prêt, il ne restait plus qu’à le mettre à execution. Lorsque le démon passa à l’acte, il activa le sortilège qu’il avait mis de longues semaines à tisser, et s’enfuit avec ceux qu’il avait pu sauver vers le littoral de Bretonnie, direction la Baie des Selkies, ou un navire de la marine du Roy Louen faisait une escale forcée après avoir rencontré une tempête au large. Cela serait leur sauf-conduit.
Un billet vers de nouveaux rivages, loin du Démon du Lac aux Papillons.

[Récit] Gloire à Ma Dame

Puisses-tu toujours me guider,
Puissé-je toujours te servir,

Ô ma Dame
Toi qui éclaire mon chemin
Toi qui illumine mon esprit
Tu es l’étincelle qui tue la peur
La Flamme qui illumine la nuit
L’amour qui guide mes pas

Ô ma Dame
Permet moi de t’approcher,
Permet moi de te regarder de mon esprit nu
Et accorde-moi, ô ma Dame,
De toucher de mes doigts ton corps sacré
Et de tes fluides m’oindre

Ô ma Dame
Toi qui m’a choisi,
Accorde-moi la Grâce,
Accorde-moi ton Graal,
Que de mes vœux j’appelle
Que de mon être impatient j’attends

Ô ma Dame, ici je suis agenouillé,
Prêt à recevoir ta bénédiction
Ici je resterai
Jusqu’à ma mort

Ou mon sacrement

[Récit] Réunion Secrète

Le feu crépitait dans un recoin de l’abbaye de Violecée-la-Plaine. La nuit était avancée, et dans la noirceur de celle-ci, les quelques brindilles qui flambaient semblaient être un soleil au milieu du néant, illuminant colonnes, débris, poutres et la cabane de bric et de broc qui faisait la « demeure familiale » de Énieul du Chêne, ex-Seigneur de Castel-Graal, et premier parmi les suivants d’Ulfrik.
Il se leva du torse de statue brisée qui lui servait de siège, et, faisant le moins de bruit possible, entra dans son cabanon. Il jeta un œil à sa nouvelle épouse, une paysanne qui avait su toucher son cœur desséché et égaré. Son esprit simplet était aveugle et elle ne semblait pas avoir remarqué que Sire Énieul n’avait plus sa raison depuis bien longtemps.
Après quelques secondes d’hésitation, il ceint sa lame au côté gauche, et enfila son énorme veste de cuir, puis sortit sur la pointe des pieds.
Ce soir était un grand soir.
Il allait renaître.

La nuit était fraîche, et le ciel étoilé. Le chevalier déchu pris une inspiration profonde. L’air froid chargé des odeurs de l’hiver approchant s’infiltrat avec difficulté dans ses narines obstruées de bubons douloureux, lui apportant un brin de lucidité. Il prit d’un pas vif la direction de l’ancien moulin de Violecée, où Isabelle de Barbouin-Bestu avait établi son domaine.

La roue à aubes reposait brisée et à moitié carbonisée dans le cours d’eau jouxtant la demeure, le moignon d’axe pourrissant dépassant du mur de pierre. Le toit avait été réparé avec les moyens du bord : bardeaux, chaume… Aucun des membres de la communauté ne savait faire ça, mais un petit groupe composé du Jean, du Charles et même de Messire Edmond le Bon s’était dévoué à cette cause, et avait entrepris de réparer du mieux qu’ils le pouvaient les toits des bâtiments utilisés. Et ils y étaient plutôt bien parvenu, puisque personne ne se plaignait d’infiltration d’eau démesurées. Quelques gouttes lors des fortes pluies, mais rien que de très normal quand nul ne pouvait se permettre d’avoir un toit de tuiles ou de lauses.


Énieul s’arrêta devant la porte et toqua discrètement. On vint rapidement lui ouvrir, et il entra dans la pièce réchauffée par un feu de bois crépitant. Le serf de Madame de Barbouin-Bestu s’écarta la tête penchée pour le laisser passer, mais Énieul ne lui accorda même pas un regard, et sans attendre l’invitation de la maîtresse de maison, alla s’installer sur un des lourds fauteuils près de la cheminée.

Il jeta un coup d’œil aux alentours. Il n’avait jamais eu l’occasion d’entrer ici, Barbouin-Bestu étant très solitaire et très protectrice de ses prérogatives, peu de membres de la communauté d’Ulfrik avaient eu l’autorisation de pénétrer sa demeure. Ce n’était certes pas un château, mais c’était assez bien aménagé et confortable. La dame était d’un goût certain, apprécia le chevalier, qui soudain pris d’une crise d’urticaire se mis à se gratter frénétiquement les avants bras. La dame de maison arriva et le salua d’un ton froid.

« Bonsoir Énieul. Vous êtes en avance. »
« Madame », salua ce dernier en esquissant une révérence, à demi relevé de son fauteuil. « J’eusse espéré un accueil plus chaleureux ! »
Elle ignora superbement la remarque déçue de son interlocuteur et se détourna pour ordonner d’un geste vif à son domestique d’apporter des boissons et une collation.

Après une dizaine de minutes qui pour Messire Énieul du Chêne semblèrent des heures, mal à l’aise et outré de sembler si insignifiant à cette dame, qui ne lui adressa pas une seule fois la parole, une autre personne toqua à la porte. Le domestique légèrement vouté se précipita pour aller ouvrir. Trois anciens seigneurs de Bretonnie firent leur apparition dans la pièce.

« Énieul ! » s’écria Édouard de la Dent en écartant les bras du mieux que lui permettait sa corpulence volumineuse. Il se précipita pour serrer son compagnon de quête dans ses bras comme si cela faisait des années qu’ils ne s’étaient pas vu. Énieul n’appréciait pas cet étalage d’affection, mais il rendit son étreinte à Édouard, heureux malgré tout de la voir, puis jaloux en voyant le large sourire qu’il échangea avec Isabelle en allant la saluer. Tous deux avaient toujours été très proches, au grand dam d’Énieul. Vinrent ensuite les frères Blachbouq, Messire de Valroux, et Vassily de Vives-Épines. Un silence prononcé s’installa à son entrée dans la pièce. Tous savaient la raison de sa présence, mais aucun n’était à l’aise ni avec lui, ni avec le fait qu’un des Sept soit présent au cœur de Violecée-la-Plaine. On les y voyait rarement. Ils s’étaient installés en bordure, et restaient généralement entre eux. Mais depuis quelques temps, ils semblaient vouloir se rapprocher des habitants du hameau sans en avoir réellement envie. Une distance étrange restait entre eux et les membres de la communauté, même ceux dont ils étaient les plus proches.
La porte se referma dans un grincement discret.
La réunion allait pouvoir commencer.

[Récit] L’arrivée des 7

Cela avait commencé par des rumeurs. De simples racontars de paysans et de gueux auxquels ni Ulfrik ni les chevaliers qui le suivaient n’avaient prêté attention. Leurs suivants de moins noble stature et d’éducation limitée, par contre, avaient multiplié les prières dès les premiers soupçons.
Le Lac aux Papillons et ses terribles habitants avaient fait parler d’eux bien au-delà des frontières de leur forêt.
Puis, un chevalier de Brionne se lança dans une quête pour les éradiquer. On découvrit son cadavre mutilé et exsangue dans une bourgade proche de l’étang. Ce jour-là, Ulfrik eut un mauvais pressentiment. Et si des années de sorcellerie plus ou moins empirique lui avaient bien appris une chose, c’est qu’en matière de magie, les pressentiments et toute autre forme d’intuition n’étaient pas à prendre à la légère.

Puis au bout de quelques longs mois, les rumeurs cessèrent brutalement. Plus d’enlèvements, plus de macabs exsangues trouvés au détour d’un chemin, plus rien. Les villages en liesse fêtèrent dignement la fin d’une période de terreur, et aucun évènement malheureux ne vint perturber leur légèreté. C’est à ce moment-là qu’Ulkrik commença à être effrayé pour de bon. Pas parce que des tueries avaient cessé non loin de là, mais pour ce que cela voulait dire. Le mal ne disparaît pas d’un claquement de doigts ni sans raison. Il en savait quelque chose. Si les tueries avaient cessé, c’est parce que ce qui les perpétrait était parti ailleurs. Et Ulfrik sentait que quoi que cela soit, cela venait à Violecée-la-Plaine. Il en était convaincu. Intimement convaincu.

Il ordonna sur-le-champ d’inspecter les maigres défenses mises en place par sa communauté et de les améliorer immédiatement du mieux possible. Devant l’inquiétude de leur seigneur, les membres de la communauté ne discutèrent pas un ordre bien plus direct que ceux auxquels ils avaient été habitués jusque là. Ulfrik s’enferma pour le reste de la journée dans la bibliothèque, comme il le faisait à chaque moment de crise. Il y trouvait sérénité et apaisement, nécessaires à sa médiation. Féru de lecture, il trouvait bien souvent la solution à ses problèmes en feuilletant un ouvrage au hasard.
Les maigres barricades, qui servaient plus à délimiter l’espace commun de l’espace extérieur, furent renforcées de pieux, de rocs et de débris de maçonnerie. On vérifia la stabilité des quelques miradors bricolés sur les seconds étages des habitats toujours à l’état de ruine, et on piégea la zone avec des méthodes rudimentaires, mais toujours efficaces. Pièges à ours, fosses et pieux enterrés… à la fin de la journée, quelques petites surprises attendaient d’éventuels visiteurs aux endroits stratégiques.

C’est le lendemain qu’ils arrivèrent. Les pressentiments d’Ulfrik s’étaient faits de plus en plus précis, et pressants. Il avait eu la nuit des rêves éveillés d’une clarté qui le laissait encore tremblant. À l’aurore, il avait quitté sa retraite au milieu des ouvrages anciens, de la poussière et des chandelles de suif pour aller se placer à l’entrée nord du village. Il s’assit sur un tonneau éventré qui gisait là, et se mit à attendre.

Quelques-uns de ses fidèles les plus matinaux l’avaient rejoint en silence. Une tension palpable planait au-dessus du hameau. Les plus modestes de la communauté avaient cessé leurs activités, et, le corps agité de tics nerveux, sursautaient au moindre croassement de corbeau, et à la moindre herbe soufflée par le vent.
Des bruits de sabot se firent entendre. Ils provenaient de la forêt toute proche, en direction du sentier. Sans être particulièrement bruyants, nul ne pouvait douter que les choses approchantes n’essayaient pas d’être discrètes. Un hennissement retentit, suivit par deux autres. À travers la brume matinale, ils aperçurent une poignée de cavaliers. Des chevaliers du Royaume de Louen Cœur de Lion. Sept, pour être exact. Non, six. Le septième avançait sur un étrange chariot à voile. En l’absence de vent, un de ses compagnons avait attelé cette étrange chose à sa monture, qui visiblement peinait à suivre le rythme des autres équidés.

La troupe approchant ne semblait pas menaçante, mais un curieux sentiment se dégageait de celle-ci. Les compagnons d’Ulfrik oscillaient entre malaise et soulagement, sans qu’aucun ne puisse dire pourquoi.
Un des chevaliers qui attendait avec le sorcier de Violecée-la-Plaine eut un hoquet de surprise. « Monseigneur… à moins que mes yeux ne me trompent, ou que ma mémoire ne me fasse défaut, à la vue de ces armoiries si particulière, je peux vous affirmer que je connais au moins une des personnes approchant, il s’agit de Messire Jolinard, un des proches du Duc Grégoire ! »
À cette annoncent tous se raidirent. Si les chevaliers du Royaume de Bretonnie entraient dans Violecée, il fallait s’attendre à un combat féroce.
Ulfrik ne s’émut pas de cette remarque, et en grogna entre ses dents : « laissez-les entrer. »

Lorsque les chevaliers atteignirent les barricades, ils ne firent pas mine de s’arrêter, et poursuivirent leur chemin jusqu’à la place centrale. Les yeux ébahis, les habitants du village les regardèrent passer : croulants, malades à en crever, certains infestés de bubons et de mouches, ils faisaient pitié à voir, mais aucun ne doutaient qu’il ne s’agissait pas d’ennemis, mais bien de leurs alter ego.
L’un des chevaliers stoppa sa monture en face d’Ulfrik. C’était celui avec la plus haute stature, et une aura fondamentalement malsaine irradiait de son corps. Lorsqu’il ouvrit la bouche, tous eurent le sang glacé au timbre de la voix, qui n’avait rien d’humain.
« Où logerons-nous ? » demanda-t-il d’une voix aussi stridente que basse, aussi grave qu’aiguë.
Ulfrik leva les yeux et soutint son regard perçant.
« Vous n’êtes pas les bienvenus ici. Toi, du moins. Va-t’en, démon. »
Le chevalier eut un gloussement, et répondit dans un sifflement méprisant :
« Nous n’avons fait que suivre ton invitation. Je pourrais presque te considérer comme mon père en ce monde ».
« Bien à mon insu. Vous n’êtes pas les bienvenus ici. Vous logerez en dehors de l’enceinte du village. Il y a une masure délabrée de bûcheron, à quelques dizaines de mètres. Vous avez dû la croiser en arrivant. »

Le chevalier possédé par le démon sourit de toutes ses dents. Briser Ulfrik allait être un jeu amusant. Puis il prendrait le commandement de cette troupe de bric et de broc. Il laissait son imagination vagabonder parmi les possibilités que cela lui offrirait pendant quelques instants, puis fit demi-tour et partit en direction de la bâtisse en ruine. Ses compagnons firent de même sans qu’aucune parole n’ait été échangée, ce qui en laissait supposer long de l’emprise qu’avait sur eux le Démon du Lac aux Papillons.

[Récit] Des Démons

Si nos contrées ne les connaissent pratiquement que de légende, des racontars de soldats revenus des fronts du nord, ou, en de très rares occasions, par leur apparition sous nos latitudes, les démons sont bel et bien une réalité. Et j’insiste sur « une » réalité, car venant d’un autre plan, ils n’appartiennent pas vraiment à la nôtre.
Il existe une infinité de démons différents, car ils naissent de nos noires pensées ruminées et inavouables. Certains spécialistes estiment que chacun d’entre nous serait responsable de la naissance de plusieurs démons. Tout comme les elfes, les nains et autres créatures reconnues intelligentes – même les orques dans leur primale pensée ! Cela représente donc un nombre incalculable d’entités, le plus souvent néfaste, bien que cela ne soit pas systématiques. Je cite (brièvement, car là n’est pas notre sujet) les recherches de l’Étude Icelienne, qui assimile les démons et certaines formes de divinités à la même catégorie d’êtres.


Parmi ces millions de démons, chacun est une entité propre, et aussi simple que complexe. Complexe car elle est un miroir de l’être qui l’a créée. Simple car ce miroir accentue très nettement un seul de ses traits de caractères, caricaturant l’être originel. Ces démons, forts heureusement, ne naissent pas dans notre plan. Leur essence s’assemble ailleurs, dans un espace-temps nommé le Warp, et laisse tranquille le monde – notre monde – des vivants.

Alors pourquoi arrive-t-il d’en croiser ? À quoi sont dues ces invasions que relatent les récits guerriers ?Nul ne le sait vraiment, et les recherches sont toujours en cours. Par contre, il existe deux moyens pour un démon de se matérialiser dans notre monde : avec un support physique, ou sans support physique. Un support physique facilite nettement la venue de l’entité dans notre réalité : son essence a juste à envahir la matière concernée. Nous parlons de possession lorsqu’il s’agit d’un corps vivant, ou d’enchantement – bien que biaisé soit ce terme – lorsqu’il s’agit d’un objet inanimé. Par objet inanimé, nous pouvons y associer les cadavres, auquel cas nous parlons couramment de réanimation, bien que cela soit en tout point un enchantement tel que sus-cité. Cette dernière forme est la plus courante des invasions démoniaques dans nos contrées, en témoigne les nombreux heurts avec les lisières de la Sylvanie honnie. Lorsqu’un démon apparait sans support physique, nous parlons alors d’incarnation.

La différence fondamentale entre Possession et Incarnation se trouve dans la liberté du démon à agir à sa guise, et sa stabilité dans le monde physique. Une possession (ou un enchantement) nécessite une intervention extérieure : le démon doit être appelé dans le corps par un esprit présent dans notre monde : magicien, vampire, ou autre démon, par exemple. Cet acte est pour lui bien plus aisé qu’une Incarnation (intérêt majeur d’une Possession), et surtout, bien plus sûr : un démon enfermé dans un objet sera plus docile (intérêt majeur d’un Enchantement.)

Extrait du Liber Horribilus, Chapitre IV-3 §421, ouvrage de la bibliothèque de Violecée-la-Plaine

Ulfrik releva la tête de l’ouvrage qu’il feuilletait à la recherche d’informations. Depuis la veille, quelques uns de ses fidèles avait détourné leur esprit de la communauté. Ils restaient auprès du Démon du Lac au Papillon, le suivant partout, semblant égarés et perdus, comme des phalènes tournoyant désespérément autour d’une lanterne la nuit. Il rumina un instant. C’était mauvais signe. La situation lui échappait depuis que le démon était apparut avec sa troupe de chevaliers pour rejoindre sa communauté. Et depuis hier, il en était maintenant sûr, le démon commençait à tirer certains de ses semblables des limbes du Chaos et les envoyait hanter le corps et l’esprit des membres les plus faibles de la communauté. Tout n’était pas pour autant perdu : s’il procédait ainsi, c’est qu’il n’était pas encore assez puissant pour les incarner sans support physique. Ou que les sortilèges lancés par Ulfrik l’en empêchait efficacement.

Mais comment n’avait-il pas sentit venir la renaissance du démon, à quelques lieues à peine de leur campement ! Il se fustigea une énième fois pour son manque de vigilance, et, le cœur serré à l’idée qu’il était responsable de l’arrivée de ce démon dans ce monde.

Il n’avait jamais voulu ça.