Le Démon du Lac aux Papillons avait été convoqué en ce monde de façon non intentionnelle par les agissements d’Ulfrik et de sa bande. Tiré des limbes, son esprit s’était lié à cet ancien lieu de culte chaotique, « purifié » depuis des centaines d’années par les vertueux chevaliers de la Dame. Sans substance, sans force, et incapable de s’affranchir de son lien physique avec le lac, il avait seulement été capable d’influer des esprits. Le Duc Grégoire et son esprit fragile, hanté par ses fantômes avait fait une victime parfaite. Lors de leur rencontre au Lac aux Papillons, il avait pu pénétrer profondément dans l’esprit du duc. Plus profondément que nécessaire pour le contrôler. Il en avait fait sa marionnette, et il en avait fait de même avec ses compagnons.
Il avait besoin de leur aide. Il avait besoin de sang. Oh non, pas le leur. Cela ne suffirait pas. Il en fallait plus, versé dans une antique vasque gravée de runes impies qui avait échappé à la destruction voilà des siècles. Enfouie dans la vase, elle avait attendu d’être à nouveau utile. Et le Démon, grâce à elle, allait pouvoir très bientôt se concevoir un corps, et accéder à la matérialité physique d’un monde qui pour le moment encore résistait à son intervention.
Les environs du Lac connurent des jours sombres. Les disparitions se firent plus nombreuses. Jeunes hommes, vieillards, enfants, paysannes comme bourgeoise, personne n’était à l’abri. Les quelques tentatives de retrouver quelqu’un s’étaient simplement finies par quelques disparus de plus : les courageux partis à leur recherche.
La rumeur d’une troupe de chevaliers renégats se répandit.
Ainsi naquit la tristement bien-fondé rumeur du Lac aux Papillons, et de ses terribles occupants.