De bon matin Le Marcelin cueillait du thym,
Pour agrémenter son civet de lapin,
Quand soudain surgit au loin,
Le paysan par delà le champ de lin.
Le Marcelin-lin-lin !
Le Marcelin-lin-lin.
De fureur le paysan saisit sa faux,
Celle-là qui coupait le seigle et son ergot,
Apeuré le Marcelin fuit aussitôt,
Mais aussi lent qu’un escargot
Le Marcelin-lin-lin !
Le Marcelin-lin-lin.
Hurlant aux corbeaux et agitant sa faux
Le fermier beuglant comme un veau,
Rattrapa le Marcelin bientôt,
Et de sa faux lui retailla le museau !
Le Marcelin-lin-lin !
Le Marcelin-lin-lin.
Depuis ce jour le Marcelin, ayant perdu son tarin,
A juré de le plus jamais marauder de thym
Pour agrémenter son lapin
Près d’un champ de lin !
Le Marcelin-lin-lin !
Le Marcelin-lin-lin.
Chanson composée par la troupe le soir où Marcelin leur a révélé pourquoi il n’avait plus de nez. Nul ne savait si c’était dû à une contamination à l’ ergot ou un contrecoup psychologique, mais depuis ce jour, Marcelin avait des crises d’hystérie régulières. C’est la raison pour laquelle on lui avait confié un arc comme arme : lors de telles crises, il devenait incapable de s’en servir autrement que comme une arme contondante, et c ‘était bien moins risqué pour tout le monde que s’il maniait autre chose !
Ce qui est sûr, cependant, c’est que depuis le jour où son nez avait été tranché à la faux, la blessure n’avait pas cicatrisé et lui laissait une plaie suppurante en plein milieu du visage, qu’il dissimulait sous un bandage disgracieux.