La Maison Brune, dont il est issu, est née il y a quelques centaines d’années. C’est un paysan anobli et fait chevalier par le roi en place à l’époque, pour un acte de haut courage tel qu’il fit rougir de jalousie les nobles de la cour.
Ce paysan se nommait Gildas Cochonnailles, car il était éleveur de cochons, et était réputé dans toute sa bourgade pour ses grillades de cochon vendues aux chalands depuis la fenêtre de sa cuisine.
Gildas cochonnailles n’oublia jamais vraiment ses origines, et lorsque le roi lui demanda de se choisir un nom (car tout courageux que fut le paysan, il ne seyait pas que quelqu’un de la cour s’appelle « Cochonnailles »), Gildas décida d’endosser celui de Messire leBrun, qui était le sobriquet que les nobles jaloux et pédants lui avaient attribué. Il était tout aussi fier d’avoir été chevalier que d’être issu de la fange de Bretonnie, et ce nom de Messire leBrun lui convenait parfaitement. D’autant plus qu’il moucha par la même occasion les moqueurs qui l’avaient surnommé ainsi, pour son plus grand plaisir.
Les générations passèrent, et leBrun évolua en Maison Brune. Les descendants de Gildas Cochonnailles, élevés à la cour, et dans la mentalité de celle-ci, eurent bien vite honte que leur ancêtre fût un garde-cochons plutôt qu’un preux pourfendeur de dragons. Ils firent donc leur possible pour faire disparaître cet héritage qui ne leur seyait point, mais vains furent leurs efforts, car la légende de la Maison Brune s’était répandue dans l’ensemble des strates sociales de Bretonnie : vecteur d’espoir pour les villageois, et de sourire entendu pour les chevaliers en titre.
Depuis son ordonnance de chevalerie, celui qu’on nomme le Paladin Brun a toujours été un original, et n’a cessé de se distinguer de ses confrères d’arme. Ayant une sainte horreur de ce nom qui puait, selon lui, la fange et le lisier, il avait pris le partit d’arborer une tenue bariolée digne d’un bouffon, assemblage de losanges multicolores, afin que l’on se souvienne de lui ainsi plutôt que par son nom de « Brun. » Aux moqueurs qui le charriaient, il répondait que le brun n’était que le mélange de toutes les teintes… bien souvent sans succès, car cela les faisait rire de plus belle. Le Paladin Brun s’était donc toujours senti rejeté, et c’est avec joie qu’il accueillit l’amour de Grand-Père lorsqu’il but au Calice. Il s’est dévoué corps et âme à son service, puisque celui-ci le récompensait bien plus que ses années d’esclave de la Dame.
Sa dévotion lui valut rapidement de se faire élevé au panthéon des Portepestes, et il continue de servir permis la troupe de Lépreux Chevaliers, prêchant la bonne parole aux infidèles.