La vie de Joan avait été bien glorieuse et remplie. Arbalètrière du Roy surdouée, elle avait eu une carrière militaire éclatante. Congédiée pour son âge avancé, suite aux manigances de plus jeunes qu’elle briguant son poste, et non pour ses capacités déclinantes, elle avait refusé de déposer les armes, et s’était faite mercenaire. Ses enfants déjà grands, la vie les ayant éloignés de leur mère, elle n’avait plus d’attaches et avait rejoint diverses compagnies au fur et à mesure des années. Elle avait été amenée à travailler pour des mercenaires loyaux à la couronne tout comme pour des bandits de grand chemin. La seule chose qui comptait pour elle était de pouvoir se servir de son arbalète.
La dernière en date était une compagnie de chevaliers dévoyés, et elle se sentait bien parmi ces hommes tout autant en disgrâce qu’elle l’était elle-même, et si pour le moment elle avait refusé de boire à la coupe d’Ulfrik, une petite voix dans sa tête lui disait qu’elle y tremperai bientôt les lèvres de son plein gré.